L’Histoire Fascinante de la Canne de Combat
La canne de combat, un art martial français, est une discipline qui a traversé les âges, évoluant et s’adaptant aux besoins de chaque époque. Son histoire est riche et complexe, mêlant tradition et innovation.
Les Origines Médiévales
Les premières traces de l’utilisation de bâtons et de cannes comme armes remontent à la fin du Moyen Âge. En Occident, les premiers écrits mentionnant une forme d’escrime avec un bâton apparaissent à la fin du XIVe siècle et au XVe siècle. À cette époque, les chevaliers et les soldats utilisaient des bâtons pour s’entraîner au combat sans risquer de se blesser gravement. Cependant, ce n’est qu’au XVIe siècle que des traités théorisant la manipulation du bâton voient le jour, comme “Der Altenn Fechter anfengliche Kunst” (1531) et “La noble science des joueurs d’épée” (1538). Jusqu’en 1644, le bâton est enseigné par les maîtres d’armes parisiens, mais sa pratique devient ensuite facultative, entraînant son déclin. Ces techniques rudimentaires ont posé les bases de ce qui allait devenir la canne de combat.
La Canne et les Compagnons
L’art de manier la canne est préservé par les compagnons, notamment ceux du Tour de France, qui étaient particulièrement actifs au XIXe siècle. Pour eux, la canne était à la fois un symbole et un outil défensif lors des batailles entre sociétés concurrentes. Les compagnons s’entraînaient au maniement de la canne, souvent sous la tutelle de maîtres d’armes. Le traité “Self-defense for gentlemen and ladies” de Thomas Hoyer Monstery (1878) inclut un chapitre sur la défense avec des bâtons et des cannes.
Le XIXe Siècle : L’Âge d’Or de la Canne
Au début du XIXe siècle, la canne est associée aux bandes criminelles, mais avec l’interdiction de porter l’épée à Paris sans permis, des salles d’armes dédiées à la savate et à la canne commencent à apparaître. La canne de combat est alors codifiée par des maîtres de savate et de sabre pour être enseignée comme arme de défense. C’est donc au milieu du XIXe siècle que la canne de combat a véritablement pris son essor. À cette époque, la canne était un accessoire de mode indispensable pour les hommes de la haute société. Mais au-delà de son aspect esthétique, la canne servait également d’arme de défense personnelle.
Enseignement Militaire et Scolaire
L’armée française introduit l’enseignement collectif du bâton et de la canne, publiant de nombreux manuels intégrant leur usage, souvent associé à la boxe française en raison des zones de touches identiques. À partir de 1880, la canne de combat est également enseignée dans les écoles, avec des manuels prévoyant des exercices spécifiques. La pratique de la canne se développe aussi dans d’autres pays européens, notamment grâce à Pierre Vigny au Royaume-Uni et Joseph Charlemont en Belgique.
L’Exposition Universelle de 1900 et les Jeux Olympiques de 1924
L’apogée de la canne de combat a été atteinte à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. En 1900, lors de l’Exposition universelle de Paris, la canne de combat a été présentée comme une discipline sportive à part entière. Cet événement a marqué un tournant dans l’histoire de la canne de combat, la faisant connaître à un public international. Quand bien même la canne de combat était d'ores et déjà en déclin en 1924, elle a été incluse sport de démonstration aux Jeux olympiques de Paris. Bien que cette inclusion n’ait pas conduit à une reconnaissance officielle de la discipline par le Comité international olympique, elle a néanmoins contribué à populariser la canne de combat et à attirer de nouveaux pratiquants.
Le Déclin et la Renaissance
Au début du XXe siècle, la canne est couramment pratiquée et enseignée aux Brigades du Tigre. Cependant, la Première Guerre mondiale décime les bandes criminelles et les instructeurs de canne de combat. Il n’y a donc plus besoin de se défendre, et plus grand monde pour l’enseigner. Ainsi, avec l’amélioration de la sécurité à Paris vers 1920 et l’abandon du sabre dans l’armée, la canne devient davantage un article d’apparat et sa pratique décline. Cependant, dans les années 1950, Maurice Sarry, un passionné de la canne de combat, a entrepris de relancer cette discipline. Sous son impulsion, la canne de combat a été intégrée à la Fédération de savate boxe française, ce qui a permis de structurer et de codifier les règles de ce sport.